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1162. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

quelle activité, folle et saisissante d’imaginative dans ce Mascarille que le théâtre n’avait pas jusqu’ici entendu nommer ! Sans doute Mascarille, tel qu’il apparaît d’abord, n’est guère qu’un fils naturel direct des valets de la farce italienne et de l’antique comédie, de l’esclave de l’Épidique, du Chrysale des Bacchides, de ces valets d’or, comme ils se nomment, du valet de Marot ; c’est un fils de Villon, nourri aussi aux repues franches, un des mille de cette lignée antérieure à Figaro : mais, dans les Précieuses, il va bientôt se particulariser, il va devenir le Mascarille marquis, un valet tout moderne et qui n’est qu’à la livrée de Molière. […] Le Cocu imaginaire, ayant eu près de cinquante représentations, ne devait pas être imprimé, quand un amateur de comédie, nommé Neufvillenaine, s’aperçut qu’il avait retenu par cœur la pièce tout entière ; il en fit une copie et la publia en dédiant l’ouvrage à Molière. […] Sa tendresse lui faisoit envisager la peine qu’il auroit de la voir, sans se servir des priviléges que donne le mariage, et il y rêvoit un jour dans son jardin d’Auteuil, quand un de ses amis, nommé Chapelle, qui s’y venoit promener par hasard, l’aborda, et, le trouvant plus inquiet que de coutume, il lui en demanda plusieurs fois le sujet.

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