Cette opinion, ajoute-t-il cependant, me semble trop rude et éloignée de charité, et il y a comme en toute chose une médiocrité plus douce, qui est de ne forcer ni presser, mais tout simplement montrer et proposer le meilleur ; car il y a toujours en ce grand nombre quelques-uns capables et disposés à suivre en le leur montrant seulement au doigt. […] Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques. […] Honnête homme, écrivain probe, et par-dessus tout admirateur passionné de Montaigne, Charron est aussi loin d’une telle ambition qu’incapable d’un pareil procédé ; il ne vise qu’à mettre les pensées qu’il admire et qu’il accueille dans un plus beau jour et dans un ordre plus exact, pour les répandre et les faire réussir auprès d’un plus grand nombre d’esprits ; il les range mieux pour les faire pénétrer.