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302. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

D’effrayantes dégradations tolérées par les autorités locales, et sur lesquelles elles fermaient l’œil, étaient commises dans de grandes forêts communales au nombre de cinq, dites les Gèraïdes, dans la partie surtout voisine de Landau. […] Malgré les ordres réitérés du sous-préfet, au lieu de les séparer par petit nombre dans divers locaux convenables où ils jouiraient d’un peu d’aisance, comme leur état l’exige et l’humanité le commande, il les entasse dans un seul et même local comme des prisonniers de guerre, leur faisant fournir par les particuliers la soupe et la paille. […] La campagne recommençant, les événements se précipitèrent. : on eut la retraite de Leipsick presque aussi désastreuse que celle de Moscou ; le typhus éclata et atteignit nombre de ceux que la bataille avait épargnés. […] Le feu de la Montagne et le nombre de morts et de blessés, parmi lesquels je déplore la perte de mon capitaine de pavillon, de l’agent comptable maritime et de la moitié de mes officiers et trois cents hommes enfin de mon équipage, tant tués que blessés, prouveront à la République entière que les événements seuls ont causé le résultat malheureux de cette journée. Si quelque chose pouvait me consoler de ce désastre, c’est (que) dans un combat aussi sanglant, et tel que l’histoire de la marine n’(en) offre nul exemple, le représentant Jean-Bon Saint-André, tantôt à mes côtés, tantôt dans les batteries, encourageant et excitant l’ardeur des canonniers et des équipages, et voyant tomber à ses pieds nombre de ces malheureux, en a été quitte pour une légère égratignure à la main droite.

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