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1398. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

N’étant plus défendue ni par les traditions, sagesse vivante et perfectible, que la moquerie, une logique abusive, avait dissoute, ni par ce peu de saine philosophie qui n’est jamais que l’apanage d’un bien petit nombre, l’époque offrait une proie aux insolences spéculatives, aux fantaisies frondeuses de l’esprit individuel. […] La notion très incomplète et mal éclairée du Romantisme, que retiennent encore nombre de bons esprits, vient de ce que ce phénomène n’a été baptisé de son nom qu’à l’occasion d’une de ses manifestations déjà tardives, la plus retentissante, il est vrai, mais non pas, tant s’en faut, la plus proche de son essence profonde. […] Par cette concentration, en quelques mains, de produits nécessaires à tous, un petit nombre de riches tint dans sa dépendance la multitude des pauvres forcée de travailler à son service on de périr. […] L’institution politique et sociale, c’est donc de la guerre civile, de la violence momentanément arrêtée, au profit d’un petit nombre d’exploiteurs et pour l’écrasement de l’humanité. […] Ce qui consomme, à nos yeux, la disqualification intellectuelle de Mme de Staël, c’est le nombre de pensées fortes et saines qu’on trouve chez elle.

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