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547. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Mme de Genlis, parmi les noms vieillis, est un des noms les plus cités, les plus familiers à l’oreille, et l’un de ceux qui laissent, ce me semble, l’idée la moins nette dans l’esprit des générations nouvelles. […] Reçue à six ans chanoinesse au chapitre noble d’Alix près de Lyon, on l’appelait Mme la comtesse de Lancy, du nom de la ville de Bourbon-Lancy dont son père était seigneur. […] Les railleurs, les ennemis du critique (et il n’en manquait pas), les envieux du bel-esprit gouverneur, s’égayaient là-dessus, comme bien l’on pense ; les couplets ne tarissaient pas, et ce nom de La Harpe, qui faisait un singulier à-propos au talent célèbre de Mme de Genlis sur la harpe, prêtait à toutes sortes de calembours. La Harpe, au reste, paya cher cette courte faveur ; il se brouilla avec Mme de Genlis, qui le mit, sous le nom de Damoville, dans un conte satirique où elle s’attaquait à tous les littérateurs philosophes du temps, et où elle se vengeait de l’Académie qui n’avait pas couronné l’un de ses ouvrages : c’était assez son habitude de traduire ainsi les gens dans ses livres quand elle se brouillait avec eux. […] Elle menait de front plusieurs élèves, M. de Valois (Louis-Philippe), ses frères, M. de Montpensier, M. de Beaujolais, et leur sœur (Mme Adélaïde) ; elle leur avait adjoint un neveu à elle, une nièce, sans compter cette fille adoptive, la célèbre et intéressante Paméla (ce nom romanesque était du choix de Mme de Genlis).

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