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383. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Elle en a deux : se consolider en Pologne, empiéter sur les provinces du Danube, s’annexer les provinces grecques, non de race mais de religion, de la Turquie d’Europe, se naturaliser en Asie vers la Perse et vers la Turquie asiatique, posséder le littoral de la mer Noire, s’y créer une marine militaire sur les débris de sa marine détruite de Sébastopol ; s’emparer ensuite de Constantinople, de la capitale de l’empire ottoman ; marcher de là d’un côté, par le Taurus et par la Syrie, vers l’Euphrate et vers le Nil ; marcher de l’autre côté, par la Grèce et l’Albanie, vers le fond de l’Adriatique, et, en resserrant ensuite ses deux bras ainsi étendus, étreindre l’empire de Constantin annexé à l’empire de Pierre le Grand. […] pourquoi donc avez-vous coulé sous vos boulets, dans la mer Noire, la flotte orientale de la Russie dans le port prématuré de Sébastopol ? […] On retrouve une autre population grecque à Constantinople, puis elle est séparée du reste de l’Asie par six millions de Turcs et des millions de Tartares et de peuples caucasiens ; on la retrouve dans les îles et sur l’extrême littoral de l’Ionie et de l’Asie, puis elle est noyée dans des millions de Turcs et de Caramaniens jusqu’au Taurus et au-delà ; elle reparaît en Syrie, mais en extrême minorité, comparée aux Syriens, aux Maronites, aux peuples d’Alep, de Damas ; enfin elle se perd au-delà de la Mésopotamie, dans l’océan des races arabes, kurdes, persanes, égyptiennes, qui vont se perdre elles-mêmes dans les peuples noirs du Sennaar et de l’Éthiopie. […] Qui peut posséder l’Adriatique, les Dardanelles, la mer Égée, la mer de Marmara, l’Archipel, la mer Noire, à moins d’être la première puissance navale du monde ?

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