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333. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Le son pur de la vérité qui fait éprouver à l’âme un sentiment si doux et si exalté, ces expressions justes et nobles d’un cœur content de lui, d’un esprit de bonne foi, d’un caractère sans reproches, on ne savait à quels hommes, à quelles opinions les adresser, sous quelle voûte les faire entendre ; et la fierté, naturelle à la franchise, portait au silence bien plutôt qu’à d’inutiles efforts. […] Si vous leur inspiriez un instant de nobles desseins, le courage leur manquerait pour les accomplir. […] Si vous interdisiez l’éloquence, une réunion d’hommes serait toujours conduite par les sentiments les plus vulgaires ; car dans l’état habituel, ces sentiments sont ceux du plus grand nombre, et c’est au talent de la parole que l’on a dû toutes les résolutions nobles et intrépides que les hommes rassemblés ont jamais adoptées.

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