Je ne prétends pas dissimuler les taches et les côtés faibles de Villars, ses vanteries, sa plénitude naturelle de soi, cet air de tout tirer à lui, de tout tourner à son avantage (même ses défaites, on le verra). […] Pardonnez à l’excès de mon zèle, qui peut-être m’emporte bien loin ; mais j’ai cru devoir au roi et à vous, peut-être à moi-même, une explication aussi naturelle, qui vous servira à vous fortifier à prendre des résolutions honorables ; car, pour le reste, c’est à vous de faire ce que vous croirez qui convient le mieux. […] Louis XIV, en lui donnant l’ordre de partir, lui a dit expressément « qu’il voudrait bien inspirer à ce qui est à la tête des armées l’audace naturelle à quiconque mène des Français » ; et ce mot-là a plus que suffi pour l’électriser lui-même. […] Car Villars, quel que soit le rang qu’on lui assigne en ordre de mérite, est un général en chef : ce n’est pas un lieutenant ni un second. « En lui, commander, a-t-on dit, était comme son état naturel.