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806. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Un des premiers proverbes, Le Mariage manqué, nous rend au naturel la méchanceté de petite ville, la rivalité de comptoir, les ridicules de province. […] Quel trait plus vrai et plus naturel que celui du domestique François, qui a tant résisté à son maître sur le chapitre de la cuisine, qui a tant dit qu’il ne la savait pas faire, qui n’a entrepris l’omelette, l’immense omelette de quinze œufs, qu’à son corps défendant, et qui, dès qu’il en est venu à bout, est si fier, puis si mortifié quand son maître lui dit qu’il ne la mangera pas ! […] C’est ainsi encore qu’il fera dire à un solliciteur, dans L’Intrigant malencontreux : « Monsieur Mitis, tâchez donc de placer mon fils dans un bureau ; vous me rendrez un grand service : il n’est bon à rien du tout. » Et ceci encore, dans le proverbe de Madame Sorbet, à qui on propose de jouer la comédie : « La comédie, je crois que nous la jouerions fort mal tous les deux ; nous avons trop de franchise, trop de naturel pour faire jamais de bons acteurs. » Marmontel, définissant un genre de finesse analogue à celui-ci, l’appelle une certaine obliquité dans l’expression qui donne à la pensée un air de fausseté au premier abord. […] Leclercq, cette finesse si fréquente a le mérite d’être rapide, légère, naturelle ; elle échappe et sort à ses personnages comme une naïveté.

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