Le désillusionnement systématique, le pessimisme absolu, le jargon de rouerie, de socialisme ou de religiosité, la prétention aristocratique naturelle aux jeunes démocraties et aux brusques fortunes, cette manie de régence et d’orgie à froid, la brutalité très-vite tout près des formes les plus exquises, il a exprimé tout cela avec vie souvent et avec verve dans ses personnages. […] Sue sait tout cela aussi bien et mieux que nous, lui qui, dans Arthur même, nous a si bien motivé en deux endroits sa préférence pour Walter Scott sur Byron54 ; lui qui nous dit encore par la bouche de son héros que, « si le monde pénètre presque toujours les sentiments faux et coupables, jamais il ne se doute un instant des sentiments naturels, vrais et généreux. » M. […] Sue a une veine de comique naturel ; il en use volontiers et même surabondamment. […] Sue que de l’expliquer ainsi, d’en bien saisir la transition, et de le montrer à son origine presque naturel et ingénieux. […] Mais est-ce une raison de méconnaître ses qualités et sa grandeur, un sens naturel et droit, un haut sentiment d’honneur et de majesté souveraine, l’ordonnance de son règne si bien comprise, le discernement des hommes, de ceux qui ornent et de ceux qui servent, la part faite à chacun des principaux et assez librement laissée, l’art du maître, le caractère royal enfin, indélébile chez lui, et l’immuabilité dans l’infortune60 ?