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368. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

L’Allemagne est cette grande plaine septentrionale, coupée de plusieurs grands fleuves, séparée du reste du monde par des barrières naturelles rarement franchies, par l’Océan et la Baltique, par les monts Crapacks, le Tyrol et le Rhin. […] Il n’a point remarqué qu’il n’avance pas malgré ses efforts, car il n’a aucun point d’appui pour se soutenir et transporter l’entendement hors de sa place naturelle. […] L’histoire naturelle des animaux, des plantes et des minéraux, une partie de la physique, etc., se rangent dans cette division. […] Il y a, selon Kant, une métaphysique naturelle qui a toujours été, qui sera toujours, à savoir l’ardente curiosité de voir clair dans des questions que l’intelligence humaine se propose éternellement ; ces questions sont Dieu, l’ame, le monde, son éternité ou son commencement, etc. […] Si par métaphysique on entend une disposition naturelle de l’esprit humain à se poser et à résoudre un certain nombre de problèmes, on doit répondre assurément que la métaphysique est possible, puisqu’elle est ; mais, selon Kant, tous les systèmes nés de cette disposition naturelle sont tellement défectueux et si peu satisfaisans, qu’il n’est pas permis de leur donner le nom de science ; de sorte que si par métaphysique on entend non pas une disposition naturelle, mais une vraie science, on est forcé de répondre que la métaphysique n’est pas.

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