Soudain, aux regards de Satan se dévoilent les secrets de l’antique abîme ; océan sombre et sans bornes, où les temps, les dimensions et les lieux viennent se perdre, où l’ancienne Nuit et le Chaos, aïeux de la nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu d’une éternelle guerre, et règnent par la confusion. Satan, arrêté sur le seuil de l’enfer, regarde dans le vaste gouffre, berceau et peut-être tombeau de la nature ; il pèse en lui-même les dangers du voyage. […] Parti des murailles du ciel, un rayon pousse au loin, dans le sein des ombres, une douteuse et tremblante aurore : ici la nature commence, et le chaos se retire. […] Qu’est-ce que Junon allant aux bornes de la terre en Éthiopie, auprès de Satan remontant du fond du chaos jusqu’aux frontières de la nature ?