Montesquieu a de la prétention dans les aperçus ; Bossuet a de la poésie dans les vues : c’est un épique plus qu’un historien ; leur style se ressent de leur nature : l’un veut frapper, l’autre veut éblouir ; Machiavel ne veut que comprendre et fait comprendre. […] Ni les uns ni les autres ne sont dans la vérité de la nature humaine. La nature ne fait pas de ces hommes assez dévoués à la vertu pour écrire gratuitement des contre-vérités qui les feront passer éternellement pour des scélérats ; la nature ne crée pas non plus des hommes assez monstrueux (surtout quand ces hommes sont les plus hautes et les plus saines intelligences de leur siècle) pour penser, pour écrire et pour signer des théories de crimes qui les dévoueront à l’exécration de la postérité. […] XX Mais un livre de Machiavel sur lequel il n’y a qu’un sentiment, c’est son Histoire de Florence ; toute la théorie de l’Italie classique, de l’Italie contemporaine de Machiavel et de l’Italie actuelle, est dans ce livre, quand on est capable de comprendre la logique historique des événements et la nature des nations. […] Or, depuis les jours de Dante et de Machiavel jusqu’à nos jours, l’Italie avait-elle changé de nature ?