S’il est vrai que ce caractère lui a donné dans notre nation une gloire plus aimable que celle de ses contemporains, à cause de toutes ses complaisances pour notre sens propre, on verra tout à l’heure qu’il l’a jeté dans des erreurs pour lesquelles l’esprit de liberté même doit le désavouer. […] Comme si la véritable nouveauté n’eût pas consisté à dire que les princes ne peuvent avoir de guerres personnelles, ni prétendre à des successions au dehors où la nation ne soit cohéritière avec eux ! […] Heureusement, les écrits de Fénelon donnent un démenti à sa doctrine ; car, en même temps qu’il s’interdit tout ce qu’il conseille, aucun écrivain n’a mieux prouvé que, pour l’abondance des mots expressifs et la liberté du tour, nous n’avons rien à envier à aucune nation. […] La plus solide de toutes les nouveautés de ce grand esprit est d’avoir indiqué au dix-huitième siècle sa tâche, c’est à savoir l’application au bien-être de la nation de toutes ces vérités dont le choix et l’expression sont la gloire du dix-septième. […] Sa vertu n’est pas une moindre gloire pour notre nation que son esprit.