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257. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

On nous dit et on nous écrit tous les jours : « Comment entreprenez-vous une œuvre de haute critique littéraire dans un siècle et dans un pays qui n’ont plus de littérature ; dans une nation qui s’est épuisée de grands esprits pendant deux grands siècles, le dix-septième et le dix-huitième, siècle français par excellence ? […] garde-nous longtemps, veuve des nations, Garde au pieux respect des générations Ces titres mutilés de la grandeur de l’homme, Qu’on retrouve à tes pieds dans la cendre de Rome ! […] J’étais un républicain improvisé, un républicain politique, un républicain conservateur de tout ce qui doit être conservé sous peine de mort dans une société, ordre, vies, religion libre, fortunes, industrie, liberté légale, respect de toutes les classes de citoyens les unes envers les autres, paix des nations entre elles dans leur indépendance réciproque et dans l’esprit de leurs traités, droit public de l’Europe. […] Les ligues des cours furent désarmées de tout droit d’agression contre la république ; les peuples, respectés et rassurés sur leur territoire, passèrent du côté de nos principes, et la diplomatie française fut l’arbitre du monde en six semaines de temps, sans avoir violenté une nation ni brûlé une amorce. […] Et quelle renaissance politique, militaire, oratoire et littéraire l’émulation de toutes ces capitales entre elles ne promettait-elle pas à une nation de vingt millions d’hommes doués d’autant de génie et de plus raison que la légère Athènes.

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