Je dirai cependant que César régnait quand des sénateurs l’immolèrent ; qu’il ne suffit pas toujours qu’une vengeance ait été méritée par la victime ; que nous sommes accoutumés encore à vouloir qu’elle soit généreuse ; que ce genre d’expédition se revêt essentiellement d’un caractère révolutionnaire, trop étranger aux circonstances dont nous sommes environnés106 ; que nous devons, non pas à nous-mêmes, mais à l’intérêt national, quelque attention, du moins, à ce que l’on dira de nous ; que l’opinion des peuples, et surtout de nos propres concitoyens, sur le mode du jugement de Louis, pourra n’être pas indifférente au succès de nos autres travaux politiques ; qu’enfin, selon des maximes qui peuvent bien mériter quelque examen, mais dont la fausseté n’est pas démontrée encore, il sera plus digne de la Convention nationale d’accuser un conspirateur que de faire la guerre à un ci-devant tyran, isolé, désarmé et prisonnier. » Et ensuite, lorsque la Convention se fut constituée juge : « Vous avez trouvé le moyen d’attacher au sort d’un seul homme les destinées de la nation et les espérances du genre humain. […] On a conçu une idée plus juste du caractère et du but de l’histoire ; on a voulu qu’elle devînt un tableau des mœurs et de la destinée des nations.