II C’est ainsi que le disciple de Socrate, après la mort de Socrate, l’homme pratique, son inspirateur ; c’est ainsi que Platon écrivit sa République idéale, pandémonium de toutes les chimères, capable de donner le vertige à toute la démagogie d’Athènes, si Périclès n’était pas né pour rendre le bon sens aux philosophes, et la discipline volontaire au peuple qui vit de bon sens. […] Nous avons fait tous deux d’illustres naufrages : l’un, échoué sur un bel écueil, au milieu du libre Océan ; l’autre, sur la vase d’une ingrate patrie, la quille à sec, les voiles en lambeaux, les mâts brisés, le gouvernail aux mains du hasard ; l’un, plein d’espérances et de nobles illusions, ces mirages de la seconde jeunesse des hommes forts ; l’autre, décougégé, trouvant les hommes toujours les mêmes dans tous les siècles, et n’attendant d’eux dans l’avenir que l’éternelle vicissitude de leur nature, qui naît, qui se remue, qui se répète et qui meurt, pour se répéter encore jusqu’à satiété ! […] « Peuples, vous ignorez le Dieu qui vous fit naître ; « Et pourtant vos regards le peuvent reconnaître « Dans vos biens, dans vos maux, à toute heure, en tout lieu ! […] « Ces poëtes sont-ils nés au sacré vallon ? […] « Toujours l’hymne d’Horace au sein des ris est né ; « Jamais il n’a versé de larmes immortelles : « La poussière des cascatelles « Seule a mouillé son luth de myrtes couronné !