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544. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

La duchesse d’Estissac meurt d’envie de faire le voyage des cantons ; Mme d ’Anville a déjà tracé sur sa carte la route qu’elle prendra ; la duchesse de La Rochefoucauld fait rapiécer un château ruiné qu’elle a sur les frontières ; l’abbé se désole de ce qu’il est Français. Quand je dis à Mme d’Estissac qu’on peut se consoler d’être en France quand on a six ou sept cent mille livres de rentes, elle se met dans une colère terrible. « Ne suis-je pas esclave de mon rang ? […] Tout cela, pour être utile dans trente ans d’ici, quand vous et moi n’existerons peut-être plus, à un fils qui ne naîtra peut-être jamais, qui peut-être mourra jeune… ! […] Bonstetten, qui y assista, n’était point l’homme de ces luttes. « Ces temps d’enfer, disait-il, ne sont pas faits pour moi. — Voici ma devise, disait-il encore, je ne suis pour aucun combat. » Bienveillant, modéré, ami d’un sage progrès et des lumières graduelles, pressé entre deux partis contraires, il semblait aux uns un bien pâle démocrate, aux autres un patricien infidèle.

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