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460. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Cette sagesse et cette équité paraissent dans une pièce dont presque toutes les observations sont justes, quoiqu’elles n’y soient pas toutes également nécessaires, et que la condescendance pour Richelieu y ait rendu l’éloge trop timide. […] Il y loue « la solidité des observations, beaucoup de savoir et d’esprit, sans aucune affectation ni de l’un ni de l’autre ; des termes choisis, mais sans scrupule et sans enflure, et des mots qu’on disait bannis par l’Académie, employés où il était nécessaire, pour protester contre le reproche d’innovation55. » On peut regretter de n’y pas trouver cet étonnement naïf et généreux qui nous saisit encore aujourd’hui à la vue de ces beautés si neuves et si charmantes, de ces vers si vigoureux et si délicats, de toutes ces grâces de la jeunesse dans le génie et dans les personnages qu’il crée. […] S’il favorise certains mots nouveaux, c’est qu’il les juge à la fois nécessaires et commodes ; mais il les recommande discrètement, sans les imposer, également ferme entre l’archaïsme et le néologisme. […] C’est principalement à ces deux ouvrages que Saint-Simon fait allusion, à l’endroit de ses Mémoires où, parlant de la dispersion de Port-Royal par l’influence des jésuites, il loue ces « saints solitaires illustres que l’étude et la pénitence avaient assemblée à Port-Royal, qui firent de si grands disciples, et à qui les chrétiens seront à jamais redevables de ces ouvrages fameux qui ont répandu une si vive et solide lumière pour discerner la vérité des apparences, le nécessaire de l’écorce, en faire toucher au doigt l’étendue si peu connue, si obscurcie, et d’ailleurs si déguisée ; pour développer le cœur de l’homme, régler ses mœurs…74 » Cet éloge comprend tout en quelques paroles, le mérite des personnes, celui de la communauté, les grands exemples qu’ils ont donnés, les traditions qu’ils ont laissées, ce qu’ils ont réglé, ce qu’ils ont inventé. […] Il dit de saint Charles Borromée : « Dieu l’autorisa… par son illustre naissance parmi les honnêtes gens du monde, par sa dignité de cardinal parmi les ecclésiastiques et les princes, par ses grandes richesses parmi les pauvres, par sa haute piété parmi les bons, par ses humiliations parmi les pécheurs… » Et plus loin : « Il lui donna une force d’esprit extraordinaire pour entreprendre de graves choses ; une constance immobile pour les exécuter et les achever ; une charité ardente et généreuse pour marcher sans crainte parmi la peste, parmi les torrents ; une vigueur de corps infatigable pour visiter incessamment son diocèse ; une humilité de pénitent public pour confondre l’impénitence publique ; enfin, toutes les qualités divines et héroïques nécessaires à un évêque pour réformer les désordres de l’Église, et pour abolir cet abus si déplorable des confessions imparfaites, des absolutions précipitées, des satisfactions vaines, et des communions sacrilèges. » 70.

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