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2042. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

  Pour signaler les erreurs qu’a répandues dans l’ordre moral la littérature contemporaine, par la double voie du théâtre et du roman, il ne nous sera pas nécessaire et il serait trop fastidieux de passer en revue les innombrables productions qu’elle a enfantées depuis vingt-cinq ans. […] On a de l’amour comme on a faim ; satisfaire sa faim, céder à son amour, c’est tout un en morale : l’un est aussi naturel, aussi nécessaire, aussi légitime que l’autre. […] « Que le sacrement (du mariage) soit une permission religieuse, une autorisation paternelle et sociale, un encouragement et une exhortation à la perpétuité de l’engagement : que ce ne soit jamais un commandement, une obligation, une loi avec des menaces et des châtiments, un esclavage imposé avec du scandale, des prisons et des chaînes en cas d’infraction  L’abjuration de la liberté individuelle est en effet contraire au vœu de la nature et au cri de la conscience, quand les hommes s’en mêlent, parce qu’ils y apportent le joug de l’ignorance et de la brutalité : elle est conforme au vœu des nobles cœurs et nécessaire aux instincts des fortes volontés, quand c’est Dieu qui nous donne les moyens de lutter contre toutes les embûches que les hommes ont tendues autour du mariage, pour en faire le tombeau de l’amour, du bonheur et de la vertu, pour en faire une prostitution jurée 102… » De ces déclamations contre la société, de cette obscure phraséologie, il ressort en définitive cette doctrine : que la seule loi, la loi suprême du mariage, c’est l’amour. […] Voilà pourquoi les sociétés ne peuvent exister qu’au moyen de lois arbitraires, bonnes pour les masses, horribles et stupides pour les individus173. » Le principe de cette doctrine, le voici : la société n’est point un fait normal, nécessaire, dérivant de la nature de l’homme, et régi par les lois morales qui se révèlent à sa raison. […] « Et ils mouraient faute du nécessaire… « Et l’homme méchant qui avait menti à ses frères amassa plus de richesses que l’homme méchant qui les avait enchaînés.

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