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1076. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Car enfin le moment est venu où il est permis, où il est utile, où il est nécessaire d’écrire. […] Cet écrit sur le consulat à vie est nécessaire pour juger tout Camille… » J’ajouterai que ce même écrit est nécessaire aussi dans une histoire politique du consulat pour qu’il n’y ait pas lacune ; il y manquerait, si l’on ne l’y faisait entrer comme une ombre au tableau. […] C’est qu’en définitive il n’était pas surtout et avant tout un écrivain ; il avait de cette paresse des orateurs qui ne retrouvent pas dans la solitude du cabinet tout le degré de chaleur nécessaire à la production active, et il fallut plus tard les circonstances politiques pour que l’homme de tribune, Tardent improvisateur, retrouvât tout naturellement son heure et son à-propos. […] Les vanités du rang et de la puissance rappellent le grand monde de Paris, mais sont bien plus ridicules parce qu’elles s’agitent dans un plus petit cercle et ne se lient à aucun intérêt politique. — Je ne crois pas qu’il y ait de pays où l’on tienne plus à la représentation ; les maisons sont des palais, et l’on y conserve l’ancien luxe d’avoir un grand nombre de domestiques ; mais quand on arrive sans être attendu, on est tout surpris, après avoir traversé des antichambres, des salons, des galeries, de trouver la maîtresse de la maison dans un cabinet écarté, éclairé par une seule chandelle. — En tout, il me paraît d’usage ici de se donner le superflu aux dépens du nécessaire. — Le prince mène la vie la plus retirée, excepté les heures de représentation.

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