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480. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

On admire beaucoup certains duos de la musique de Rossini, où l’un chante pendant que l’autre pleure, où celui-ci accompagne l’orchestre avec sa voix, pendant que l’orchestre déclame l’air que le chanteur devrait chanter ; mais combien cela n’est-il pas plus difficile de transposer ainsi, de Don Quichotte à Sancho, de Don Juan à Sganarelle, du maître au valet, du fait à l’idée, les plus excellentes qualités de la comédie, à savoir le rire et la leçon ? […] Ce singe effronté et malin inventait la musique du grand siècle, comme Racine a inventé la tragédie. […] Vous étiez dieux aussi, jeunes gens, mêlés aux déesses joyeuses : Saint-Aignan, La Meilleraye, Maulevrier, Langeron, Thémines, Sillery, Fiesque, Coligny, Richelieu, danseurs choisis de Clio et de Melpomène, de Thalie et de Calliope, et autres cruautés aimables, mademoiselle de Praslin, et les trois Mazarins, suivies de tout le corps de la musique. […] On irait plus loin, on retrouverait, chemin faisant, quelques idées que Molière lui-même avait indiquées dans ce ballet joué à Chambord : bourgeois babillards, pages éventés, filles coquettes, Suisses, Gascons, Importuns, Espagnols, Poitevins, Trivelins et Scaramouches, et pour couronner tant d’efforts, on finirait par compléter la musique de Lulli, que le théâtre serait tout à fait dans son droit. […] Au dernier acte, Mademoiselle de La Vallière arrive aux sons de la musique, pour prononcer ses vœux ; au pied de la croix, le roi l’arrête, en s’écriant : — « Tu es rendue à l’amour. — Ne m’appelle pas sire ; reviens à ces heures délicieuses où je n’étais que ton amant. — Où tu étais mon oiseau, ma belle fleur, ma violette !

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