Pélagie, les mains et les pieds enveloppés de ouate, se traîne avec des gestes gauches, se demandant si jamais l’adresse des mouvements lui reviendra, et moi, la poitrine déchirée par des quintes de toux qui me font vomir, je me demande si je pourrai, ce soir, au sortir de mon lit, m’asseoir à la table de famille des Lefebvre de Béhaine. […] Je regarde, avec plaisir, la jolie petite tête enthousiaste d’un jeune homme, qu’on me dit être Massenet ; je regarde la tête chevaline du vieux Bapst ; je regarde la tête étonnamment simiesque de Girardin, qui broie sa nourriture, avec les mouvements mélancoliques des mandibules de singes, mâchant à vide. […] Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.