Mais le grand monde, cette classe que l’ambition, les grandeurs et la richesse, séparent tant du reste de l’humanité, le grand monde me paraît une arène hérissée de lances, où, à chaque pas, on craint d’être blessé ; la défiance, l’égoïsme et l’amour-propre, ces ennemis-nés de tout ce qui est grand et beau, veillent sans cesse à l’entrée de cette arène et y donnent des lois qui étouffent ces mouvements généreux et aimables par lesquels l’âme s’élève, devient meilleure, et par conséquent plus heureuse. […] Pourtant le mouvement teutonique de réaction contre la France, ou du moins contre l’homme qui la tenait en sa main, allait bientôt gagner Mme de Krüdner et la pousser, par degrés, jusqu’au rôle où on l’a vue finalement. […] Les événements de 1813 achevèrent d’éclairer, de dessiner la mission que Mme de Krüdner se figurait avoir reçue, et ce mouvement de l’Allemagne régénérée qui produisait tant de guerriers enthousiastes, de poëtes nationaux, de pamphlétaires éloquents, l’amena aussi à son rang, elle, la Velléda évangélique, la prophétesse du Nord.