/ 2498
896. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Répétition retardée par l’enterrement d’Élise Petit, cette toute jeune ingénue, blonde, morte des suites d’une couche. […] Décidément les endroits meurent tout comme les individus. […] Trôler dans l’immense bâtiment, s’asseoir sur la chaise au pied du lit des fillettes de son âge et causer avec elles, aller jeter de l’eau bénite sur le corps d’une morte : c’est devenu une vie presque distrayante pour elle. Défendue par son égoïsme de malade contre l’horrible de ce qui se passe autour d’elle, la petite écrivait ces jours-ci à sa mère : « La poitrinaire nº 5 est morte hier soir à onze heures, et maintenant elle est à l’amphithéâtre. […] Partout l’abandon de la ruine, et comme spécimen de la vie vivante dans toute cette pierre morte, quelques vieillards desséchés, quelques jaunes enfants, des chats maigres : une pauvre et rare création d’êtres et d’animaux bancroches.

/ 2498