M. de Morvilliers étant venu à mourir, M. d’Ormesson, peu agréé de Henri III, qui l’avait trouvé rétif à ses profusions (« Il est paresseux, à la vérité, disait ce roi, mais il est homme de bien ») ; pensa à la retraite, et s’étant défait de ses charges, il s’était dit qu’il achèverait paisiblement ses jours, tantôt à Paris, tantôt dans ses maisons des champs, qu’il embellirait. […] Ce furent des temps difficiles ; on mourait de faim dans Paris ; ce n’est pas une métaphore ; « M. d’Ormesson fut à la veille de voir ses enfants mourir de faim en sa présence. » sa femme mourut en effet de la peur et des souffrances qu’elle avait ressenties durant le siège, en 1590. […] Il mourut en mai 1600, d’une chute de mulet, en revenant à Paris de sa maison d’Ormesson. […] Il fut successivement conseiller au Grand Conseil, conseiller au Parlement de Paris, maître des requêtes et conseiller d’État ; ayant vécu quatre-vingt-huit ans, il mourut en 1665, doyen du Conseil d’État. […] On se raconte des horreurs sur ce cardinal-tyran : « Il en était venu à tel point, lorsqu’il mourut, qu’il ne voulait plus voir le roi que le plus fort, et avait dans sa maison trois caves capables de tenir près de trois mille hommes. » M. le prince de Condé, toujours si plat envers celui qui règne et de qui il espère, lui qui avait un jour imploré à genoux comme un honneur l’alliance du cardinal vivant, s’élève maintenant tout haut, en plein Parlement, contre ce qui s’est fait « sous une puissance qui allait jusques à la tyrannie ».