Son admiration d’elle-même est trop vive pour qu’elle s’abandonne au souci vulgaire de s’examiner : elle est la France, et cela lui suffit, le mot pouvant bien suppléer à la chose. […] Il faut nous résigner aux trouble-fête, si nous ne roulons pas avoir besoin, à brève échéance, d’un syndic de faillite 55. » Voilà donc trois publicistes français, d’une influence incontestée, considérés par l’opinion publique comme de bonne foi, et tous trois d’esprit essentiellement français, qui n’ont pas hésité à écrire, dans des journaux tels que le Figaro, le Journal et le Temps, les mots de « misère », de « décadence » et de « faillite » s’appliquant à la société française actuelle. […] Il nous faudrait un office permanent d’enquêtes sur toutes les branches de l’activité humaine, pour connaître à fond la vie politique et sociale des autres peuples, leurs expériences, leurs pratiques, leurs fautes, leurs succès, leurs innovations ; leurs découvertes et leurs applications scientifiques ; leur administration, leur industrie, leur production, leur commerce ; leur art et leurs traditions ; en un mot leur existence exacte. […] On a pu écrire, non sans justesse, ces mots ironiques : « Raisonner est le dernier acte auquel se résout un Français »60.