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1361. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

M. de Sénancour n’écrivait, guère encore à cette époque ; il se plaisait plutôt à peindre le paysage dans le sens littéral du mot : en arrivant à un instrument plus général d’expression, il a négligé ce premier talent. […] Chaque écrivain a son mot de prédilection, qui revient fréquemment dans le discours et qui trahit par mégarde, chez celui qui l’emploie, un vœu secret ou un faible. On a remarqué que madame de Staël prodiguait la vie ; elle-même a remarqué que M. de Guibert, dans son discours de réception à l’Académie, répéta, je ne sais combien de fois, le mot de gloire. […] Je sais un journaliste courageux chez qui le mot de colère signait presque à chaque fois l’article ; je sais un romancier anonyme chez qui le mot de fiel revient plus souvent qu’il ne faudrait. […] L’auteur des Libres Méditations y touche en effet, et si, comme nous aimons à le croire, il a dit là son dernier mot, le progrès philosophique le plus avancé qui se pût déduire des Rêveries et d’Oberman est visiblement accompli.

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