Le mot que Villars avait redit si souvent à sa cour durant ces dernières campagnes se trouva justifié : « Il ne faut qu’un moment pour changer la face des affaires peut-être du noir au blanc. » Villars, libre enfin de se livrer à l’activité qui était dans sa nature, assiégea et reprit en moins de quatre mois, sous les yeux d’Eugène réduit à l’inaction, Douai, Le Quesnoy, Bouchain, les places que l’ennemi avait conquises sur nous en trois campagnes. […] Dans le résumé des guerres illustres que Napoléon a tracées en une quarantaine de pages, Villars obtient une ligne, mais cette ligne est celle-ci : « Le maréchal de Villars sauva la France à Denain. » C’est là le mot de l’histoire. […] Mignet, à qui il a dû l’idée et en partie les éléments de son travail, s’est inscrit en faux contre le mot de Napoléon en l’honneur de Villars, et s’est appliqué à montrer que du moment que la paix se faisait avec l’Angleterre, il n’y avait plus de danger réel pour la France. […] Guizot a même fait un mot à ce sujet : « Non, Villars ne sauva point la France à Denain, il sauva seulement l’honneur militaire de la France. » Et l’on sait combien M. […] Villemain, autre connaisseur, est allé jusqu’à dire (le rhéteur qu’il est) : « La paix était promise et assurée, même avant la victoire de Denain, qui n’en fut que la parure. » — Le mieux, je crois, est encore de s’en tenir au mot de Napoléon, convenablement entendu.