Il a de même imité Virgile, à un endroit, dans des stances de Consolation à M. de Bellegarde sur la mort de M. de Termes, son frère. On sait les beaux vers de Virgile (églogue V) sur la mort de Daphnis : « Daphnis, est-il dit, tout éblouissant de lumière, admire le seuil inaccoutumé de l’Olympe, et voit sous ses pieds les nuées et les étoiles. » Cette consolation est celle qu’on aime toujours à donner aux vivants en deuil lors de la séparation et du départ d’une âme élevée et céleste. Or, Racan applique ainsi cette image à M. de Termes, mort dans les combats : Il voit ce que l’Olympe a de plus merveilleux ; Il y voit à ses pieds ces flambeaux orgueilleux, Qui tournent à leur gré la Fortune et sa roue ; Et voit comme fourmis marcher nos légions Dans ce petit amas de poussière et de boue, Dont notre vanité fait tant de régions13. […] Après la mort d’un de ses fils, il trouva pourtant le moyen d’aller à Rome pour se distraire et se consoler, de s’y attacher à M. de Noailles, l’ambassadeur, et d’y rester environ deux ans ; mais il fallut revenir et reprendre la vie de province avec les ennuis du métier. […] Il y aurait quelque chose de mieux : quand on réimprime ses Œuvres on devrait y ajouter les stances de Racan Sur la retraite, son ode À Bussy, sa Consolation sur la mort de M. de Termes, et aussi l’ode de Maynard À Alcippe, quatre pièces de plus en tout, et l’on aurait droit de dire : Voilà ce que Malherbe a fait ou fait faire, voilà l’œuvre de Malherbe au complet dans sa première sève et sa floraison.