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620. (1856) Cours familier de littérature. I « IIe entretien » pp. 81-97

Sans cette communication de l’homme vivant à l’homme vivant, et de l’homme mort à l’homme qui naît sur la terre, l’homme serait resté un être éternellement isolé, le grand sourd et muet des mondes ; il y aurait eu des hommes, il n’y aurait point eu de société humaine, il n’y aurait point eu d’humanité. […] Tout y tombe en ruines après une certaine durée de vie, et tout y ressort des ruines après une certaine durée de mort. […] Les langues, comme des urnes brisées dont on transvase la liqueur pour la verser dans d’autres urnes, se transmettent de l’une à l’autre une faible partie de la littérature sacrée ou profane qu’elles contenaient ; elles en laissent fuir la plus grande partie dans l’oubli ; puis naissent, de la décomposition de ces langues mortes, d’autres langues formées de leurs débris. […] IX Cette distance du temps, cette décomposition des langues, ces morts et ces ensevelissements des empires qui parlaient ces langues, ont donc fait disparaître, dans le passé reculé du monde, d’immenses trésors de littérature.

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