La petite vérole vient frapper de laideur cette tête angélique, mais l’âme reste intacte et pure, derrière son masque de taches et de cicatrices ; elle le soulève pour aimer, pour prier, pour accomplir chacun des grands actes de sa vie morale ; et alors reparaît, dans la pureté de ses lignes, dans la douce plénitude de son contour, dans le suave éclat de ses rougeurs, le visage virginal enfoui sous sa lèpre, comme une perle cachée sous terre. […] Elle a choqué souvent, blessé parfois, inquiété toujours, mais elle n’a jamais ennuyé ; elle est brusquée, décousue, sans vérité sociale et sans vie morale ; mais elle amuse, elle intéresse, elle tient en haleine, elle jette aux yeux la poudre d’or de l’esprit ; elle vivra, je le crois du moins, quoiqu’elle n’ait fait que se donner la peine de naître… tout au plus. […] C’est là l’erreur capitale de la comédie ; en versant le génie dans l’être misérable que nous allons voir à l’œuvre, elle a fêlé son type, dénaturé sa morale et produit un caractère odieux, nauséabond, répulsif, nectar aigri, ambroisie tournée, mixture impossible de ce qu’il y a de plus élevé dans l’âme.