Étrange personnage que ce lettré, qui ne s’occupe pas de morale ou de philosophie parce que cela est de la nature humaine, mais parce qu’il y a des ouvrages sur ce sujet, de même que l’érudit ne s’occupe d’agriculture ou de guerre que parce qu’il y a des poèmes sur l’agriculture et des ouvrages sur la guerre ! […] L’individualité professionnelle n’efface l’individualité morale et intellectuelle que quand celle-ci est en effet bien peu de chose. […] Je tenais seulement à faire comprendre la possibilité d’un état où la plus haute culture intellectuelle et morale, c’est-à-dire la vraie religion, fussent accessibles aux classes maintenant réputées les dernières de la société. […] si l’ouvrier avait de l’éducation, de l’intelligence, de la morale, une culture douce et bienfaisante, croyez-vous qu’il maudirait son infériorité extérieure ? […] Si nous étions délivrés du souci des besoins matériels, comme les ordres religieux ou comme le brahmane qui s’enfonce tout nu dans la forêt, nous voguerions à pleines voiles, nous conquerrions l’infini… La vie patriarcale réalisait cette haute indépendance de l’homme, mais c’était en sacrifiant des éléments non moins essentiels : la civilisation, en effet, n’existe qu’à la condition du développement parallèle de l’intelligence, de la morale et du bien-être.