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23. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Mais si l’on examine la cause de l’admiration, l’on verra que c’est toujours de la morale qu’elle dérive. […] La morale et les lumières, les lumières et la morale s’entraident mutuellement. Plus votre esprit s’élève, plus vous avez honte d’avoir cru qu’il existait quelque sagacité dans ce qui n’était pas la morale, quelque grandeur dans les résolutions qui ne l’avaient pas pour objet, quelque stabilité dans les plans dont elle n’était pas le but. […] Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale. […] L’on doit donc s’affranchir, s’il se peut, des craintes douloureuses qui pourraient troubler l’indépendance des méditations, confier sa vie à la morale, son bonheur à ceux qu’on aime, et ses pensées au temps, au temps, l’allié fidèle de la conscience et de la vérité.

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