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661. (1910) Rousseau contre Molière

L’Alceste de Rousseau est l’honnête homme moral supérieur, stoïcien et pessimiste dans le beau sens du mot ; mais il n’est pas le généreux ; il n’est pas l’homme qui se sacrifie aux autres. […] Cela est si vrai qu’au passage même où il proclame l’amour du beau moral comme éternel dans le cœur de l’homme (« l’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même… », à ce passage même, il ajoute une note qui est celle-ci : « C’est du beau moral qu’il est ici question. […] Si une pièce morale réussit, ce ne peut être que parce que le public est moral, et il était inutile de le moraliser ; si une pièce morale échoue, ce ne peut être que parce que le public était immoral, et alors rien n’a pu le moraliser. […] Ils se moquent des défauts physiques (anomalies matérielles), des défauts moraux inoffensifs (anomalies morales) et enfin des vertus dépassant la moyenne (anomalies morales). […] Ce sont des anomalies morales, et des anomalies morales inoffensives.

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