En nommant ces deux-là, j’ai nommé deux grands inoculateurs dans l’ordre moral ou philosophique ; mais Bolingbroke en exil, et venu au début du siècle, n’a agi que sur quelques-uns, tandis que Franklin, venu tard, et à une époque de fermentation générale, opéra sur un grand nombre. […] Il nous fait en quelque sorte son inventaire moral à ce moment décisif de sa vie ; il y énumère ses principes dont il ne se départira jamais : Je demeurai convaincu que la vérité, la sincérité et l’intégrité dans les relations entre les hommes étaient de la dernière importance pour la félicité de la vie, et je formai la résolution écrite, qui est toujours consignée dans mon livre-journal, de les pratiquer tant que je vivrais. […] À ses heures de spéculation, il laissait volontiers aller sa pensée, tant dans l’ordre moral que dans l’ordre physique, à des conjectures et à des hypothèses très hardies et très lointaines. […] Rien donc ne vint à la traverse de ses premiers projets d’amélioration si bien calculés pour l’état social et moral de ses compatriotes.