Lazzaroni dépenaillés et beaux diseurs, ce sont les Fiers-à-bras de la Médiocrité, avec l’insolence du génie que n’a pas le génie, des don César de Bazan sans naissance, ruinés avant de venir au monde, et dont les haillons dans lesquels ils se drapent n’ont jamais eu assez d’étoffe pour faire un manteau. Sans la prétention littéraire qui les distingue et qui est leur caractéristique, ils ne seraient que des pauvres, non pas de ceux-là que l’admirable Église catholique appelle « les membres de Jésus-Christ », titre sublime qui révolterait leur orgueil ; non pas de ces pauvres honteux qui sont si touchants ; mais des pauvres sans honte, faméliques, paresseux, envieux, impudents, enragés, comme il en existe partout, dans toutes les sociétés du monde, — le fond commun de l’humanité, qui se répète, hélas ! […] Un ombilic à regarder, ce n’est pas le tour du monde, quand vous le prendriez dans la panse même de Falstaff ! […] … Quand il nous expose ses réfractaires, ses irréguliers, ses pitres et ses monstres de foire, tout ce monde de toqués, de tiqués, de contrefaits par le vice, l’insanité et la sottise, dont son livre est la vitrine en cristal, Vallès nous relève-t-il l’âme de cette boue, et n’est-il pas un peu trop un de ces peintres dont parle Chamfort, qui, dans un palais, choisissent les latrines pour les peindre ?