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561. (1865) Du sentiment de l’admiration

le premier degré où doit viser la connaissance humaine, un échelon tout au plus au-dessus duquel il faut gravir pour vous conformer à ces lois éternelles entrevues par Platon, fixées par une théodicée plus sublime, et qui sollicitent l’essor de notre intelligence vers un idéal qui n’est pas de ce monde. […] Ne craignez point l’enthousiasme, chers élèves ; des enthousiastes ont fait toutes les grandes choses de ce monde, repoussé le flot des barbaries orientales, subi le martyre pour leur foi, conquis le tombeau de leur Dieu, délivré leur patrie, notre patrie ! […] Combien au dehors du Lycée avez-vous rencontré déjà de ces détracteurs systématiques ; combien en rencontrerez-vous surtout quand, à votre entrée dans le monde, vous serez traités en hommes et par suite exposés à l’assaut de tous les sophismes ? […] Fondez en vous-mêmes une foi inattaquable par la pratique quotidienne de l’admiration ; alors seulement vous entrerez dans le monde avec une intelligence accessible aux conceptions les plus hautes, avec un cœur incliné vers les plus pures émotions. […] Dans ce monde des chefs-d’œuvre, il assiste de près au témoignage sublime de Polyeucte, il tressaille d’amour filial avec Antigone ou Rodrigue, d’amour fraternel avec Electre ; il apprend la pitié par l’infortune de Philoctète ; le dévouement de l’Orestie et le cinquième acte de Cinna lui enseignent l’oubli des injures ; l’amour des faibles dans la nature lui est inspiré par Virgile et Lafontaine, ces grands génies aimants.

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