/ 3391
467. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Theiner a donné le signal, dans ces pugilats, cruels jeux funèbres sur le tombeau d’un pontife qu’il eût mieux valu couvrir de silence, l’Histoire ne se préoccupe que d’une seule chose : Clément XIV a-t-il aboli les jésuites, et quelles ont été pour l’honneur de la papauté et pour la paix du monde les conséquences de cette abolition ? […] Leurs missions par tout l’univers, leurs conquêtes, leurs miracles, leur enseignement, leurs travaux de savants et d’apôtres, et, on peut le dire de cet ordre si profondément unitaire et qui donna au monde un modèle de gouvernement que l’ancienne Rome n’avait pas égalé, leur génie collectif, retrempé sans cesse aux sources de l’obéissance, auraient dû les préserver, à ce qu’il semblait, des coups d’un pouvoir qu’ils n’avaient jamais pensé qu’à défendre. […] Partout et toujours, dans leurs rapports avec les gouvernements les plus divers comme dans leur lutte avec le Jansénisme, ne les avait-on pas trouvés du côté de la liberté humaine telle que Dieu veut qu’elle soit réglée, et de la civilisation du monde ? […] Du reste, religion, papauté, société, ces trois choses peuvent-elles se séparer dans le monde moderne sans qu’aussitôt tout ne croule et ne s’éparpille, comme nous l’avons vu, dans une inénarrable confusion ? […] L’empire du monde appartient aux doux , disent les saints livres.

/ 3391