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994. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Elle songea donc, dans le moment critique et décisif, après la perte de la bataille de Kolin, à profiter du zèle de Voltaire et de son désir de réparer ses torts envers Frédéric ; Elle s’ouvrit à lui par lettres vers le mois d’août 1757. […] Voltaire alors en Suisse, aux Délices, et très lié avec les Tronchin de Genève, eut l’idée d’employer un des membres de cette famille, Tronchin, banquier à Lyon, et de le prendre pour son intermédiaire auprès de l’archevêque de cette ville, le cardinal de Tencin, autrefois du conseil du roi, mis de côté pour le moment, mais qui avait toujours des intelligences à Versailles et des lueurs d’espérances d’y revenir. […] Les distances, les difficultés des chemins amenaient entre lui et la margrave des interruptions et des intervalles de silence qui faisaient craindre à celle-ci que tout ne fût accompli et consommé : témoin cette lettre fiévreuse, délirante, et qui exprime le moment le plus exalté, le paroxysme de sa tendresse et de son inquiétude : La mort et mille tourments ne sauraient égaler l’affreux état où je suis. […] Frédéric, remarquez-le bien, se mettait à ce moment presque en contradiction avec ses principes.

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