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439. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

II n’aurait pas été juste que la curiosité littéraire qui se reporte en tous sens vers le passé, et qui ne laisse aucun nom d’autrefois dans la négligence et dans l’oubli, n’arrivât point jusqu’à Voiture, cette renommée longtemps réputée la plus charmante ; son moment devait revenir, et il est venu. […] C’était le moment où Balzac, de quatre ans plus âgé que Voiture, atteignait par la publication de ses lettres (1624) à cette haute réputation d’éloquence et de beau style qu’il conserva et maintint pendant toute sa vie. […] Puylaurens, en s’engageant à ce degré dans le parti de Monsieur et en s’attachant coûte que coûte à sa fortune, ne se fait aucune illusion, et en face de Richelieu, ce grande adversaire, il présage ce qui d’un moment à l’autre l’attend. […] Dès ce moment, monsieur, je vous mis au nombre de trois ou quatre personnes que j’aime et que j’honore sur tout le reste du monde… De telles paroles s’ajoutent bien au peu que nous en apprend l’histoire, pour laisser en nous l’idée de M. de Puylaurens comme n’étant ni un factieux ni un favori vulgaire. […] Quoiqu’il en soit, il a eu un singulier bonheur, puisqu’en ne songeant qu’à vivre dans le présent il a su enchâsser son nom dans un moment brillant de la société française et dans cette guirlande des noms de Mme de Longueville, de Mme de Rambouillet et de Mme de Sablé, et que par cette lettre sur Corbie il a scellé une de ses pages dans le marbre même de la statue du grand Armand.

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