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421. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Puis, quand ces grands auteurs du passé furent imprimés, quand on les posséda dans des textes suffisamment établis et convenablement élucidés, on se mit à en jouir, et l’esprit moderne, un moment étonné, réagit bientôt en tout respect et avec son amour-propre légitime : loin de se laisser décourager, il se demanda ce qu’il fallait faire et comment il devait s’y prendre désormais, puisqu’il était en face de chefs-d’œuvre comme on n’en avait jamais eu. […] Mais ce qu’on ne saurait assez dire, parce que le souvenir plus fugitif est bien près d’en être effacé, c’est la douceur qu’il y avait pour l’homme instruit et lettré, pour l’homme de goût, à ce mode et à cette habitude de culture, tant qu’elle fut en vigueur, à son bon moment, avant la routine, après le labeur passé des premiers et des seconds défrichements. […] Qu’on veuille penser un moment à tout ce qu’enferme de latinisme, de pure sève romaine du meilleur temps, l’admirable prose française de Bossuet ! […] Mais n’oublions pas que nous en sommes en ce moment avec Du Bellay à dix ans en deçà, à l’âge des ambitions, des audaces et des espérances. […] Quand il en vient aux modernes, aux vivants, il les désigne, sans les nommer, par leurs qualités ou leurs défauts ; les lecteurs du moment mettaient aisément des noms sous ces désignations littéraires : de si loin nous pourrions nous y tromper.

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