Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820. […] A l’égard de l’école française moderne, ce fut un frère aîné des plus empressés et des plus influents. […] Nombre de ses images, qui expriment des nuances, des éclairs, des mouvements presque inexprimables (comme celle du goëland qui tombe, citée plus haut), étaient faites pour illustrer et couronner l’audace ; et, dans une Poétique de l’école moderne, si on avait pris soin de la dresser, nul peut-être n’aurait apporté un plus riche contingent d’exemples. […] Comme, après tout, la prétendue Clotilde est un poëte de l’école poétique moderne, un bouton d’églantine éclos en serre à la veille de la renaissance de 1800, il convenait à Nodier, ce précurseur universel, d’y toucher du doigt. […] Qu’on ne dédaigne pas non plus, comme échantillon final, deux ou trois dissertations de bibliophile, où, sous prétexte de bouquins poudreux, il butine le joli et le fin : il y a tel petit extrait sur la reliure moderne, qui commence, à la lettre, par un hymne au rossignol188.