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2216. (1802) Études sur Molière pp. -355

J’ai vu un moderne Jodelet compter assez sur la patience de son maître et du spectateur pour quitter successivement une douzaine de gilets. […] Plusieurs de mes lecteurs sont allés sans doute chez un certain petit espiègle, enfant gâté des Français, qu’on appelle le Vaudeville ; on y a vu avec satisfaction Scarron, mademoiselle Daubigné, Ninon, monsieur De Villarceau, avec les habits de leur temps ; qu’on juge par là du plaisir qu’on aurait si, dans le second acte du Misanthrope, les personnages qui composent le cercle de Célimène étaient parés de leur véritable costume ; et nos acteurs n’y perdraient certainement rien : ils pourraient exagérer leur fatuité, sans qu’il fût possible de les comparer aux originaux qu’ils représentent, et Alceste ne nous paraîtrait plus ridicule par cet antique ruban vert qu’une épingle attache mesquinement sur un habit à la moderne. […] Mais que nous apprennent les modernes, après beaucoup d’efforts ? […] Baile était loin de partager ce sentiment, lorsqu’il dit : « Par la seule comparaison des prologues on peut connaître que l’avantage est du côté de l’auteur moderne. » C’est avec la même adresse que Molière anime la scène où Sosie raconte les hauts faits de son maître à une lanterne qu’il suppose être Alcmène ; la prétendue Alcmène a même l’honnêteté de répondre à Sosie 62 ; et dans l’ouvrage latin, c’est au public seulement que Sosie s’adresse.

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