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631. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « La Fontaine. » pp. 518-536

Longtemps on n’a osé le mettre tout à fait au même rang que les autres grands hommes, que les autres grands poètes qui ont illustré son siècle : Le Savetier et le Financier, disait Voltaire, Les Animaux malades de la peste, Le Meunier, son Fils et l’Âne, etc., etc., tout excellents qu’ils sont dans leur genre, ne seront jamais mis par moi au même rang que la scène d’Horace et de Curiace, ou que les pièces inimitables de Racine, ou que le parfait Art poétique de Boileau, ou que Le Misanthrope ou le Tartuffe de Molière. […] La Fontaine, en s’appliquant à mettre en vers des sujets de fables qui lui étaient fournis par la tradition, ne sort pas d’abord des limites du genre. Son premier livre est un essai ; on y voit la fable pure et simple, dans ce qu’elle a de nu, La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, etc. ; il cherche à mettre sa moralité bien en rapport avec le sujet. […] De tout ce qu’il a mis dans ses vers contre les monarques et les lions, on aurait bien tort d’ailleurs de conclure que La Fontaine eût un parti pris et qu’il fût hostile à rien. […] Évidemment, La Fontaine ne se met à conter et à peindre que quand il a vu.

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