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1260. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

Les envieux dont parle Brucker, « qui mettent dans le soleil les taches qu’ils ont dans les yeux », mirent leurs taches dans le soleil de Saint-Victor, mais il n’en continua pas moins d’aller son train, dans sa pureté de soleil ! […] Quoique l’auteur n’ait pas inventé le sujet de son livre, et que les idées lui en aient été inspirées par ces chefs-d’œuvre dramatiques de l’esprit humain dont il fait l’analyse et raconte l’histoire, il met dans cette histoire et dans cette analyse une telle profondeur de sentiment et une telle richesse de coloris, qu’analyser et raconter ainsi, c’est presque aussi rare et aussi glorieux que de créer…· Positivement, le livre de Saint-Victor est une création. […] C’est mettre quelque chose dans nos âmes qui n’y était pas… Saint-Victor, qui nous apprend Eschyle aujourd’hui, dans son premier volume, devient, en vertu de la faculté caméléonesque du talent regardant le génie, une espèce d’Eschyle, éclosant et fleurissant dans les racines du vieux tragique immortellement épanoui, et tellement que si, par miracle, le vieux Eschyle revenait au monde et qu’il lût le commentaire de Paul de Saint-Victor, il dirait comme Galathée, sortie de son état de marbre et touchant la poitrine de l’idolâtre Pygmalion : « C’est encore moi ! 

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