Nous allons le lui laisser exposer à lui-même, ici, dans de belles pages, et nous vous dirons ensuite dans quelle mesure nous l’approuvons, dans quelle mesure nous le combattons. […] Supposez, lui dirons-nous, que Bonaparte, au lieu de violer, le sabre à la main, le 18 brumaire, les pouvoirs, la représentation telle quelle, la constitution libre de son pays, pour saisir la dictature consulaire ; supposez que Bonaparte eût attendu que le prestige croissant de ses talents et le mouvement spontané de l’opinion lui eussent confié le gouvernement à des conditions de force, mais de mesure et de limites dans la force, que serait-il résulté pour la France et pour Bonaparte lui-même de cette origine légale et nationale de son pouvoir ? […] Doué d’un goût exquis, d’un tact sûr, même d’une paresse utile, il pouvait rendre de véritables services, seulement en opposant à l’abondance de parole, de plume et d’action du premier Consul, sa sobriété, sa parfaite mesure, et jusqu’à son penchant à ne rien faire.