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388. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Il doit prendre garde que la peinture, trop complaisamment poussée, d’un sentiment mauvais, d’un vice, d’une faute, ne fasse oublier au lecteur la perversité du sentiment ou de l’acte ; il faut qu’il mesure le danger de l’exemple qu’il crée lui-même, et que, par une habileté dont le public ne s’apercevra peut-être pas, sans le dire le plus souvent, il laisse aux manifestations de la volonté humaine leur caractère de liberté, de mérite ou de démérite. […] Le romancier aura le droit de peindre toute la vie, telle qu’elle est, à l’exception des bas-fonds d’obscénité, qui ne sont pas du domaine de l’art ; il pourra étudier toutes les passions, leurs développements, leurs effets, tous les troubles mauvais de l’âme, et tous les crimes, aussi bien que les repentirs et que les autres actes de beauté morale. […] On peut reprocher à Maupassant d’afficher trop souvent la philosophie d’un mauvais commis-voyageur.

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