Cependant c’est toujours exclusivement sur ces abstractions et sur ces lois, bonnes ou mauvaises, que nous basons notre raisonnement pour déduire des résultats nouveaux qui doivent ensuite, comme dans toutes les sciences d’observation, être vérifiés par l’expérience. […] Tout le monde s’étonne alors de les avoir, pendant si longtemps, laissés passer inaperçus, ce qui justifie le mot d’un illustre physicien de nos jours2, que « rien n’est plus clair que ce qu’on a trouvé hier, et rien n’est plus difficile à voir que ce qu’on trouvera demain. » Je désire, Messieurs, mettre un exemple sous vos yeux, pour mieux fixer vos idées sur ce que nous venons de dire, et pour attirer votre attention sur cette sorte d’utilité que peut avoir quelquefois une théorie, même mauvaise, pour faire découvrir un fait qu’on avait depuis longtemps sous les yeux sans le voir. […] Il faut bien être convaincu, en effet, que dans ces problèmes si complexes de la vie, les esprits, même les plus vastes, ne peuvent pas faire l’impossible, et faire que des phénomènes complexes soient simples, et que des lois ou théories mauvaises soient bonnes.