/ 3061
453. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Je ne parlerai donc pas de vous cette fois, Armand Renaud, auteur des Poëmes de l’amour 25, des Caprices de boudoir 26, et en dernier lieu des Pensées tristes 27, vous qui avez déjà eu trois manières ; qui, après avoir commencé par vous inspirer aux hautes sources étrangères et par moissonner la passion en toute littérature et en tout pays ; — qui, après vous être terriblement risqué ensuite aux ardentes peintures d’une imagination aiguë et raffinée, en êtes venu à vous interroger vous-même plus à fond, à vous sentir, à fouiller en vous, à chanter vos propres chants, à pleurer vos propres larmes. […] Je ne ferai que passer aussi devant vous, couple conjugal qui unissez vos deux voix31 ; qui, après avoir perdu un enfant, votre unique amour, l’avez pleuré dans un long sanglot, et qui, cette fois, inconsolés encore, mais dans un deuil apaisé, avez songé à lui en composant des chants gradués pour les divers âges, continuant ainsi en idée, d’une manière touchante, à vous occuper, dans la personne des autres, de celui qui n’a pas assez vécu pour vous. […] Il a déjà donné deux recueils, les Poésies parisiennes et en dernier lieu les Élévations 37, une manière de correctif. […] » ou bien : « C’est encore du Lamartine (ce qui est plus rare ;) » ou bien : « Ceci rappelle Victor Hugo, dernière manière » ; — ou : « Ceci est du Gautier, — du Banville, — du Leconte de Lisle, — ou même du Baudelaire. » Ce sont les chefs de file d’aujourd’hui, et ils s’imposent aux nouveaux venus.

/ 3061